La construction de l’Odonate s’est achevée ce mercredi 15 juin 2022. Il est à ce jour le premier hydravion entièrement propulsé par le vent, et pour l’équipe Globe For You, c’est la concrétisation de deux années de travail. Titouan, son président, est plus que satisfait : « C’est une immense satisfaction de voir l’Odonate fabriqué, avec des commandes qui fonctionnent. C’est impressionnant, on est très contents de cela car ce n’a pas toujours été facile. Mais quand on voit le résultat et que l’on se rappelle que nous avons réalisé cela en deux ans, c’est assez extraordinaire. »
1000km de fil de carbone, 150kg, 10 paires de bras et 2 ans de travail
Pour rappel, l’Odonate a pris forme dans l’atelier de chez Gilles, à Saint Lunaire (Ille et Vilaine, 35). Sa conception a été faite entièrement de manière artisanale, grâce à la machine à enroulement filamentaire sur laquelle venait s’enrouler la fibre de carbone non-tissé, fixée par de la résine époxy. Globe For You étant une association, l’équipe a fluctué autour de 3 personnes à temps plein en permanence. Axel Gicquel et Antoine Wypychowski, tous les deux techniciens composites, ont fait partie du noyau aux prémices de la construction de l’Odonate. Du renfort venait soulager les membres permanents lors des temps forts, notamment autour du 10 juillet dernier, au moment de son inauguration. Titouan Sessa, président de l’association, travaille avec Gilles également depuis le début de la construction. « Il y a toujours eu entre 2 et 5 personnes à travailler à plein temps sur la mise en œuvre de l’Odonate. Et en tout, nous avons été une dizaine à construire l’engin. »
L’Odonate, fruit d’une rencontre intergénérationnelle…
De l’idée au résultat, il y a un monde. C’est ce que vous dira Gilles Durand, qui déposait les premiers brevets de l’Odonate il y a 30 ans. Ces deux années de construction étaient aussi le chemin d’une rencontre intergénérationnelle. La rencontre entre Globe For You, association de jeunes étudiants et jeunes actifs, bretons mais aussi lillois et parisiens, avec Gilles, ingénieur à la retraite. Ce mélange d’expertises et d’expériences était une mine d’or pour la naissance d’un projet aussi novateur que l’Odonate.
… Et d’un apprentissage semé d’obstacles
Titouan, tout juste sorti d’études, aura mis à profit l’ensemble des connaissances acquises au cours de son cursus d’ingénieur autour de cette innovation. « Je retiens que la fabrication d’un prototype tel que l’Odonate, qui n’a aucun autre engin par lequel s’inspirer, c’est vraiment compliqué. Chaque pièce est un nouveau problème. Cela nécessite du temps d’étude en amont, il ne fallait pas hésiter à refaire les pièces lorsque cela ne nous convenait pas. Et tant que la pièce n’est pas finie ni testée et fonctionnelle, nous ne pouvions pas passer à l’étape d’après, c’était trop risqué. Le comportement de chaque pièce en effort est compliqué à anticiper sur un prototype comme celui-ci. Alors il faut prendre large sur les délais, et surtout, être patient et persévérant. »
Paré au décollage ?
Les essais de l’Odonate vont se faire en trois temps. L’objectif est d’anticiper chaque situation pour aboutir à une maîtrise presque parfaite de l’engin. A l’instar de la plongée sous-marine, les paliers seront indispensables. « Il y aura une première phase qui consistera à tester le pilotage de l’Odonate à basse vitesse, pour voir si nous arrivons à virer de bord, à empanner, à prendre de la vitesse mais pas au-delà de 10 nœuds. Il y aura ensuite une deuxième phase de prise de vitesse, mais sans vol. La dernière phase sera l’envol. » précise Titouan, qui sera le premier aux commandes de l’engin lors des essais. Essais dont il profitera un maximum, avant de se concentrer sur la suite de l’aventure Globe For You. L’Odonate est la porte d’entrée, l’étape première d’une multitude de possibilités, et c’est ce qui motive ces ingénieurs que rien n’arrête. Seulement, ils gardent bien en tête qu’il ne faut pas griller d’étapes, et franchir la ligne de départ dans les règles de l’art. « Nous allons nous concentrer sur la version actuelle de l’Odonate, le premier, et nous allons savourer les essais car cela fait un moment que nous les attendons. En fonction des résultats il y aura forcément des perspectives qui s’ouvriront. Mais l’objectif avec l’Odonate est vraiment de prouver que le concept fonctionne. » affirme Titouan.
Pourquoi ODONATE ?
« Odonate, c’est le nom latin de libellule. La libellule, c’est un oiseau lacustre à quatre ailes, et nous avons aussi quatre ailes principales. Deux pour voler, et deux pour se propulser. J’ai entendu ce nom pour la première fois un jour ou il y avait une grosse pollution à côté de chez moi et j’ai rencontré des gens qui étaient de la société d’odontologie, je me suis demandé qu’est ce que c’était. J’ai appris que les odonates sont un très fort traceur de pollution. C’est-à-dire que si il y a de la pollution , il n’y a plus d’odonate. Donc j’ai trouvé que c’était un joli nom, ça sonne bien, et c’est très approprié pour notre engin. » souligne Gilles.